Les soft skills. Depuis quelques années, tout le monde en parle : des blogs spécialisés à l’instituteur de votre enfant, en passant par vos collaborateurs en demande de nouvelles formations.
À vous, le concept vous paraît encore flou mais vous voudriez l’utiliser afin de rendre votre processus de recrutement plus efficace. Cet article est fait pour vous.
Rappelez-vous le dernier séminaire consacré aux ressources humaines auquel vous avez assisté. Maintenant, calculez : combien de fois l’item soft skills a-t-il été prononcé ? De combien de conférences a-t-il fait l’objet ? Vous avez compris. Les soft skills, tout le monde en parle. À tel point que l’on pourrait se demander si cela ne relève pas du simple réflexe.
Ces compétences douces – il s’agit de la traduction littérale – sont en effet devenues une préoccupation majeure pour les managers, les responsables formation et, bien évidemment, ceux des ressources humaines chargés du recrutement des talents et d’anticiper les besoins de l’entreprise en matière de compétence.
Même si, apprend-on sur le site du cabinet Michel Page, plus de « 90% [des] cadres des RH et du marketing ou encore chez les dirigeants » se disent familiers du mot, le concept reste flou. Au vu des enjeux auxquels il est censé répondre, il paraît pourtant crucial de bien l’appréhender.
Qu’est-ce qu’une soft skill ?
Dans le langage courant, les traductions pour soft skill sont nombreuses : compétences transversales, humaines ou comportementales, savoir-être, talent… L’étude Les soft skills liées à l’innovation et à la transformation des organisations – Comment agir dans l’incertitude ?, rédigée par une équipe de l’Institut pour la transformation et l’innovation (ITI), dénombre ainsi « 28 termes français ou anglais en circulation ». Une profusion sémantique paradoxale, tant il est parfois difficile de savoir quoi ranger dans cette case. Il peut être, en effet, plus aisé de déterminer ce qu’il ne faut pas y mettre afin d’éviter les amalgames et les erreurs.
Tout d’abord, ces aptitudes se différencient des hard skills, c’est-à-dire les compétences techniques ou encore savoir-faire, par leur nature transversale. Une soft skill est utile à l’accomplissement de tâches relatives à son métier mais n’est pas propre à ce dernier. Elle peut être mobilisée dans des contextes variés. Par exemple, la capacité à s’exprimer en public est primordiale pour un professeur, un comédien, un avocat… Ce sont pourtant des professions très différentes.
Elle se distingue aussi de la qualité, avec laquelle elle est pourtant souvent confondue. La qualité relève de l’inné alors que les savoir-être peuvent s’apprendre et être perfectionnés. Bien sûr, il est possible de développer ses appétences ou ses prédispositions, mais ces dernières ne sont que du bonus, pas un pré-requis.
Ainsi, pour reprendre l’exemple précédent, on peut témoigner d’une personnalité extravertie mais s’avérer très mauvais orateur, un talent qui demande, entre autres, de savoir écrire pour emporter son auditoire, de bien gérer son souffle ou encore de maîtriser son langage corporel. Autant de capacités qu’il est possible d’acquérir avec quelques efforts.
Enfin, il en existe une multiplicité, répartie en catégories. Certains en distinguent trois : les compétences personnelles qui regroupent notamment la résilience, l’engagement, la motivation ou la confiance, les compétences sociales, dont l’empathie, l’intégrité ou le fait d’accepter la critique et les compétences méthodologiques, qui s’illustrent à travers une bonne organisation, l’esprit d’analyse ou bien la résistance au stress.
D’autres affinent cette répartition et identifient jusqu’à sept ou huit grandes familles. Selon cet article de Moodwork, qui accompagne les salariés pour améliorer leur qualité de vie au travail, l’éthique, la communication, l’intelligence émotionnelle, mais également l’esprit critique en font aussi partie.
En résumé, il s’agit de la somme de ces comportements ou modes de fonctionnement qui permettent de rendre la vie professionnelle plus fluide.
Pourquoi les softs skills sont-ils capitaux en entreprise ?
L’essor du terme dans le monde de l’entreprise se révèle assez récent – un peu plus d’une décennie. Son histoire est pourtant plus ancienne. Le rapport de l’ITI affirme qu’il aurait d’abord fait son apparition dans le jargon des militaires américains, dans les années 70, avant de gagner les rangs de l’éducation pour finir dans la bouche des managers.
Le document rapproche aussi l’émergence des soft skills de celle de la notion de performance individuelle, bien qu’ils soient complexes à évaluer.
Quoi qu’il en soit, ils sont indispensables au fonctionnement d’une entreprise. Principalement en raison de leur complémentarité avec les hard skills. Pour une organisation, collectionner les compétences techniques ne suffit plus à rester compétitif sur un marché de l’emploi en évolution permanente. Toujours d’après le cabinet Michel Page, l’année 2022 a vu émerger 27% de nouveaux métiers.
Les transitions numérique, écologique et celle de l’automatisation des tâches rendent rapidement caduques certains savoir-faire, là où le savoir-être apparaît comme une ressource inoxydable. Valoriser les soft skills permet de fonder sa stratégie sur des “briques” plus robustes à l’épreuve du temps et, en quelque sorte, multi-usage, dans le but d’accroître l’efficience et la résilience de l’organisation.
Ils sont aussi de bons moyens de garantir la cohérence entre les valeurs de l’entreprise et celles de ses employés. En outre, ils invitent chacun à mettre sa singularité au service d’un objectif commun, un facteur de motivation jugé efficace.
Voilà pourquoi ils constituent désormais un prisme essentiel dans la conduite d’un entretien d’embauche.
Avant de recruter : comment identifier les soft skills nécessaires à son entreprise ?
D’après le média spécialisé Parlons RH, les compétences douces ont un véritable « pouvoir différenciant » lors du processus de recrutement. Elles constituent un levier intéressant « pour éviter de ne recruter que des clones ». À condition de faire jouer les complémentarités.
Avant de recevoir les candidats, avant même de rédiger votre offre d’emploi, il est indispensable de repérer les soft skills dont l’entreprise à besoin. Former les collaborateurs sur ces compétences n’est pas toujours simple.
Autant, donc, embaucher une personne qui les détient déjà ou qui présente un potentiel.
Comment procéder ?
Vous pouvez, dans un premier temps, recenser les savoir-être et profils déjà présents au sein de l’organisation. Grâce à des grilles de lecture telles qu’en propose la méthode Disc success insight, vous pouvez savoir si vos collaborateurs sont plutôt dominants, stables, influents ou consciencieux. Ces forces sont-elles équilibrées ? Si la balance penche trop d’un côté, recrutez des individus dont les soft skills permettront de la remettre à niveau. Le test de personnalité MBTI est également très utilisé par le monde du travail.
C’est aussi le moment de sortir du tiroir votre référentiel métier-compétence. Il sera précieux pour déterminer pour chaque poste et ses objectifs, ce que vous devrez attendre des candidats et sur quoi les évaluer.
Vous pouvez aussi vous appuyer sur les points saillants de votre gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP, nouveau nom de la GPEC), cette démarche qui accompagne la stratégie de l’entreprise pour l’aider à prévoir de quelles compétences elle aura besoin demain. Cela vous sera utile pour vérifier, au-delà de l’intuition de départ, que les qualités de vos recrues collent avec vos priorités.
La réponse à la question « De quoi ai-je besoin ? » est donc intimement liée au contexte et à la culture de la société pour laquelle vous travaillez. Toutefois, certains appellent au consensus. C’est le cas de ces trois compétences humaines majeures :
- la résolution de problèmes complexes,
- la connaissance ses propres ressources, forces et faiblesses pour être plus efficaces,
- la capacité à apprendre pour combler ses lacunes.
En 2008, l’OCDE avait, quant à elle, élevé la communication, la coopération, la créativité et l’esprit critique au rang de soft skills indispensables au XIXe siècle.
Alors, pour repérer la perle, vous devez activer votre radar à tout moment du recrutement.
En cours de recrutement : comment prêter attention aux soft skills des candidats ?
En effet, les soft skills pourraient vous être d’un grand secours pour évaluer les postulants. Et cela commence sur le CV que vous tenez en main.
Même si les pratiques en la matière tendent à évoluer, le CV demeure le premier contact avec les futures recrues. Lisez-le avec attention et, autant que possible, évitez de tomber dans l’écueil de l’un des 250 biais cognitifs existants. Ne vous focalisez pas sur l’école fréquentée ni uniquement sur le diplôme. Faites un pas de côté et considérez les atouts et les centres d’intérêt mis en avant par le candidat. Même si tous ne mentionnent pas encore leurs compétences transversales, les choses, là aussi, évoluent.
Une fois ce premier tri opéré, c’est la rencontre. Les plus audacieux pourront proposer un rendez-vous informel comme un repas, une visite culturelle ou une activité sportive, de manière à faire connaissance dans un cadre plus naturel que le bureau.
Plus classiquement, en amont d’un simple entretien d’embauche, pensez à rédiger une liste de questions en lien avec les aptitudes que vous recherchez. Ce guide d’entretien peut vous sauver la mise : plus de la moitié des erreurs de casting seraient dues à une mauvaise appréciation des soft skills par le recruteur. C’est en tout cas ce qu’estiment 40% des personnes interrogées par WeSuggest dans son baromètre 2022.
Comme il s’agit de critères difficilement objectivables, contrairement aux hard skills, il peut être porteur d’opter pour des méthodes alternatives ou d’associer les différentes approches. Vous pouvez par exemple instaurer des tests psychométriques, mais aussi placer les candidats en situation professionnelle, via des jeux de rôles et des serious game. C’est ce que permettent de plus en plus les programmes d’assessment. Ou encore leur faire rencontrer divers membres de l’entreprise pour observer leur attitude et leur adaptabilité. Vous pouvez, enfin, recourir à l’auto-évaluation et comparer la vision que porte un candidat sur lui-même à la vôtre.
Les nouvelles technologies offrent également des possibilités. De nouvelles solutions sont régulièrement développées pour aider le responsable des ressources humaines à prendre ces décisions.
Quelles sont les soft skills les plus recherchés par les RH en 2022 ?
Les classements que nous avons consultés – ceux du Forum économique mondial, du magazine Forbes, de la plateforme de recrutement Welcome the Jungle, de Linkedin et du site Appvizer – se recoupent en partie sur les compétences douces à acquérir en 2022 pour faire face aux enjeux de demain.
La liste que nous vous proposons reprend les plus partagées de ces cinq spécialistes de l’employabilité et du recrutement. Les quatre premiers points ressortent presque systématiquement.
- Savoir s’adapter, être flexible.
- Savoir résoudre un problème complexe.
- Apprendre tout au long de la vie.
- Être capable de résilience, d’encaisser les chocs et de gérer son stress.
- Travailler en groupe, cultiver un esprit d’équipe.
- Exercer un esprit critique.
- Maîtriser les codes et les outils d’un environnement digital.
- Savoir communiquer.
- Savoir prendre le leadership.
- Faire preuve d’empathie et d’intelligence émotionnelle.
- Se montrer créatif.
Et vous, à laquelle de soft skills accordez-vous le plus d’importance ? Pensez-y la prochaine fois que vous initierez un processus de recrutement.
Article connexe : Pyramide des âges : pourquoi et comment l’utiliser en entreprise
Nos 3 conseils pour recruter avec les soft skills
Ce n’est plus à démontrer, les compétences douces sont un outil efficace et primordial dans la boîte à outils du DRH pour piloter sa stratégie de recrutement et anticiper les évolutions de l’entreprise. Il convient toutefois de respecter quelques règles.
Suivre un guide d’entretien
Encore utilisé par une minorité de professionnels des ressources humaines, le guide d’entretien est pourtant un auxiliaire précieux. Il vous donne notamment l’occasion de lister vos priorités en matière de soft skills et d’objectiver leur évaluation. Le but : être paré, le jour J, pour se montrer pleinement à l’écoute des candidats.
Oser sortir des sentiers battus
Parmi les compétences comportementales plébiscitées : la créativité. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, le recruteur peut tout à fait jouer cette carte. Organiser les entretiens d’embauche dans des lieux ou contextes insolites, poser des questions atypiques peuvent donner des résultats surprenants. Par exemple, proposer au postulant d’échanger les rôles pour briser la glace, peut rendre l’expérience candidat plus confortable. Cela révèle aussi quelque chose de la culture d’entreprise.
Maîtriser ses fondamentaux
Comme vous l’avez saisi, malgré leur prééminence, le contour des soft skills demeure un peu flou. Pour cette raison, de ces trois conseils, ce dernier n’est vraiment pas le moindre. Qu’est-ce que les soft skills ? Si vous avez un doute, relisez notre article. Prenez le temps de les différencier des traits de personnalité, même si parfois les deux peuvent être liés. Notamment, on peut logiquement attendre d’une personne curieuse qu’elle ait une envie manifeste et régulière d’apprendre de nouvelles choses.