Faciliter la mémorisation, engager les apprenants, simplifier les concepts : autant d’objectifs que partagent les formateurs et les gestionnaires de formation… Et que le storytelling permet d’atteindre.
Nancy Duarte, pointure dans le monde des présentations, a fait du storytelling son cheval de bataille. Elle parle dans ses TED Talks, dans ses webinaires et dans son livre *Resonate: Present Visual Stories that Transform Audiences* de l’impact des histoires dans le processus d’apprentissage. Un credo qui l’a propulsée au service de marques aussi prestigieuses qu’Apple ou Google. Mais qu’a-t-elle identifié dans le storytelling qui le rend indispensable à la formation ?
Le storytelling en formation, une nouvelle expérience apprenante
Le storytelling, rappelons-le, est une technique de communication qui consiste à raconter des histoires. Le récit, qui est en réalité structuré selon une logique pédagogique précise, transmet des messages et des apprentissages sous une forme à la fois engageante et mémorable.
Le storytelling, ça fonctionne comment ?
Les histoires mobilisées dans le cadre du storytelling formatif ont pour atout principal d’évoquer des émotions et des personnes, et donc de favoriser l’identification et l’empathie.
Les personnages ont de vrais arcs narratifs : ils évoluent au rythme de sentiments, d’événements et de prises de conscience qui résonnent dans les esprits des apprenants.
Ces histoires s’appuient également sur une intrigue et une séquence d’événements qui fonctionne comme un conte pour enfants : avec un début, une problématique et un dénouement. On parle ici de “structures en trois actes”, typique du storytelling.
La problématique, aussi appelée “nœud” de l’histoire, est au cœur de l’intérêt de l’audience. C’est la touche de drama qui crée une tension dans l’histoire, et par extension l’attention du public.
Comme dans toute bonne fable, le récit du formateur contient aussi une morale. C’est son idée principale, le cœur de ce qu’on espère que l’apprenant mémorise.
Cet apprentissage peut être boosté par un langage riche en métaphores et en analogies, parfois humoristiques, pour illustrer les éléments complexes et les rendre accessibles.
L’ensemble de cette structure est expliquée et mise en scène par Nancy Duarte dans le TED Talk devenu iconique, The Secret Structure of Great Talks. Il existe en outre diverses formations qui reviennent sur cette base théorique du storytelling et vous aident à la mettre en pratique.
Pourquoi le storytelling a tant de succès auprès des apprenants ?
Si le storytelling fonctionne si bien en formation, c’est en partie parce que la narration intrigue et captive, en partie parce que les personnages déclenchent des émotions, et de l’identification. Ces éléments boostent la mémorisation des apprentissages.
Les histoires aident aussi à simplifier les théories les plus complexes, en les inscrivant dans des situations concrètes et proches du quotidien.
Cette efficacité n’est pas que théorique, elle a aussi été prouvée par une étude de la Harvard Business School. Celle-ci montre que les présentations qui utilisent le storytelling augmentent la mémorisation des étudiants, mieux que quand ils ne doivent enregistrer que des données brutes.
Les récentes recherches en sciences cognitives ont par ailleurs prouvé que les histoires créent des connexions émotionnelles qui aident le cerveau à organiser les informations dans la mémoire à long terme. Elles seraient par ailleurs particulièrement efficaces pour les apprenants auditifs.
Notez, cependant, que le storytelling ne fonctionne pas avec la même efficacité chez tous les types d’apprenants.
Certains profils privilégient les faits, les chiffres et les données concrètes aux anecdotes. Le storytelling leur paraît trop subjectif, ou trop déstructuré. C’est aussi le cas des personnes qui dissocient apprentissage et émotions.
Certaines perçoivent dans ce cas l’exposé de récits personnels comme une forme de manipulation. D’autres peinent à imaginer des situations hypothétiques ou à se projeter dans des récits éloignés de la théorie.
Attention, aussi, aux apprenants en apprentissage linguistique pour qui les nuances de la langue propre à la narration orale pourraient nuire à la compréhension du récit.
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Le storytelling en formation, ça ressemble à quoi ?
Pour intégrer des histoires dans les formations, la première étape consiste à choisir le format de récit qui répond le mieux à vos objectifs. En fonction, vous pouvez plonger dans l’un de ces trois formats :
- Histoire personnelle et anecdotes, qui ont l’avantage d’être authentiques et de nourrir un sentiment d’identification. Le récit intime de Brene Brown dans le TED Talk “Le pouvoir de la vulnérabilité” va dans ce sens.
Elle y parle de sa découverte d’elle-même, laquelle l’a menée à son sentiment d’appartenance à l’humanité.
- Étude de cas réelle ou fictive pour proposer une application tangible de la théorie. Vous en trouverez plusieurs décortiquées par Simon Sinek dans le TED Talk à 282 000 likes, Comment les grands leaders inspirent l’action : Apple, Martin Luther King, ou les frères Wright.
- Métaphore et analogie pour simplifier les concepts les plus complexes. Dans cette idée, Jim Kouzes, formateur américain de renom, aime utiliser l’image du voilier pour parler de leadership.
Il file ainsi régulièrement la métaphore du manager/capitaine d’un bateau pris dans une tempête avec des équipiers qui ont tous leurs spécialités et qui sont mus par un esprit d’entraide pour tenir le cap.
Ces formats s’adaptent très bien aux formations-présentations, mais aussi aux formations audios, type podcast learning. L’écoute d’un podcast crée le sentiment d’intimité entre formateur et apprenant qui est nécessaire à l’engagement émotionnel.
La narration immersive captive d’ailleurs tout autant, si ce n’est plus, que celle en présentation physique. Le podcast autorise en outre une grande liberté narrative, avec, pourquoi pas, l’incorporation d’effets sonores ou de musique pour enrichir l’expérience et favoriser la mémorisation.
Notez aussi que certaines formations utilisent des techniques de storytelling dites “interactives”. Les participants contribuent ainsi à faire évoluer le récit en temps réel. Il peut s’agir de jeux de rôle ou de simulations.
Certaines passent par des outils numériques pour laisser les apprenants choisir le sens que prend le récit. D’autres poussent la logique jusqu’à utiliser la réalité virtuelle (VR), la réalité augmentée (AR) et autres environnements virtuels du Metaverse pour amener les apprenants à interagir avec l’environnement ou les personnages.
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Quand utiliser le storytelling en formation ?
Le storytelling s’avère particulièrement efficace dans le cadre des formations qui touchent à l’humain. Si vous prévoyez une formation à la neutronique, le storytelling peut sans doute aider sur certains aspects, mais il ne remplacera pas la théorie sur la diffusion inélastique sur spectromètre.
Si, par contre, vous voulez former aux soft skills, qui réclament un engagement personnel, voire émotionnel, le storytelling est tout indiqué :
- Formations en leadership : rien de mieux que des récits de vie de leaders inspirants, sur leurs défis et succès pour intéresser les apprenants.
- Formations en gestion du changement : les exemples de transformation réussie ou de résistances aux changements plongent les apprenants dans leurs futurs défis.
- Formations commerciales et marketing : les études de cas clients, avec des ventes réussies ou ratées, des campagnes marketing innovantes ou loupées, aident les apprenants à identifier les stratégies les plus performantes.
- Formations à l’éthique : le storytelling confronte l’apprenant à de vrais dilemmes et à des situations complexes aux conséquences réelles.
- Formations en communication interpersonnelle : les histoires permettent aux apprenants de constater en direct les styles de communication qui sonnent justes, les techniques de persuasion qui fonctionnent et les stratégies de gestion des conflits qui améliorent vraiment la situation.
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