Catalogue de formation : vers un netflix de la formation ?

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L’offre de formation française tend de plus en plus à la profusion. Les catalogues de formation internes aux entreprises commencent à se calquer sur ceux des organismes de formation, et adoptent des formats foisonnants. Cette tendance à la formation “on demand” n’a pourtant pas que des avantages pour les employés, confrontés à la surabondance de choix. 

Les critères de départ d’un bon catalogue de formation

Tel qu’il est pensé à l’origine, le catalogue de formation continue doit refléter le cœur de métier de l’entreprise, sa stratégie, mais aussi les besoins de chaque collaborateur. Il s’agit donc normalement d’un outil construit progressivement, selon l’évolution des besoins en compétences.
 

Paramétrés de cette façon, les catalogues de formation ont plusieurs avantages : 

  • ils incarnent des supports capables de déclencher le dialogue entre les collaborateurs et le responsable de formation à propos de leurs besoins en compétences
  • le catalogue de formation a donc également un impact sur la conception du plan de formation
  • la diffusion du catalogue favorise en général l’implication des salariés dans leur formation, vu qu’ils la choisissent eux-mêmes ; 
  • C’est aussi un outil de marketing RH, qui joue sur la motivation des employés. 

Les risques du catalogue de formation pléthorique

La tendance actuelle des organismes de formation consiste à proposer des catalogues de formation “fleuves”. Les responsables de formation auraient pourtant tort de reprendre ce mouvement à leur compte en proposant des catalogues trop fournis. 

La saturation des catalogues de formation commerciaux

On assiste de plus en plus à l’émergence de catalogues de formation très volumineux, qui misent sur l’abondance de leurs offres pour profiter de la tendance à la consommation “à la demande”. S’il peut sembler pratique, de prime à bord, de disposer d’un choix aussi vaste, ce schéma n’a pourtant pas que des avantages.

Commençons par signaler que certains organismes de formation ont récemment gonflé leurs catalogues, pour avoir plus de chances d’être visibles dans les résultats de recherche. Cet artifice n’a eu pour effet que de brouiller la visibilité réelle des formations et de toutes leurs particularités. Il s’agit dorénavant, d’une pratique que la Caisse des Dépôts contrôle et sanctionne. 

Un réflexe consumériste nuisible ?

En ce qui concerne les catalogues de formation internes à l’entreprise, le format foisonnant n’a pas que des bénéfices non plus. On peut effectivement suspecter un catalogue qui propose trop de formations continues de nuire à la nécessaire réflexion sur les objectifs pédagogiques qu’il est censé soutenir. Un catalogue de formation bien pensé vient effectivement appuyer une politique de formation continue définie en amont. Il ne doit pas la déclencher.  

Dans un monde où il suffit de cinq minutes sur le web pour acheter un produit, la tendance aux catalogues de formation à la Netflix est compréhensible. Elle comble le besoin de trouver une réponse rapide à un problème de compétences. En réalité, ce comportement se rapproche de celui du consommateur qui se précipite sur Amazon à la première panne de matériel. Il ne se questionne pas assez sur les raisons de la panne et sur la meilleure solution pour y répondre. 

Le risque des catalogues de formation surabondants consiste donc à croire que, parce qu’ils sont riches, ils contiennent forcément la solution au problème de compétences soulevé. Il ne faut pas qu’ils réduisent à néant la nécessaire analyse que cache la demande de formation : quels besoins rencontre réellement l’apprenant ? Ceux-ci peuvent-ils trouver réponse dans le catalogue de formation ? En quoi le contexte et les projets en cours influent-ils sur la demande ? 

Quand la diversité nuit à la qualité du choix

Paradoxalement, le fait de proposer un large choix de formations peut nuire à la formation elle-même. D’abord parce que les catalogues lourds diffusés via PDF ou Powerpoint sont difficiles à manier, et découragent de nombreux collaborateurs. Ensuite parce qu’il est compliqué de prendre une bonne décision quand le panel de choix est excessif.  

Un salarié qui fait face à un catalogue de formation foisonnant risque effectivement de se trouver paralysé devant la quantité d’informations disponible. Il y a de grandes chances qu’il renonce à prendre le temps de réfléchir à sa sélection.  

Il est aussi tout à fait possible qu’il passe au contraire trop de temps à comparer ses options. La peur de rater telle ou telle spécificité d’une formation en choisissant l’autre peut aussi nuire à sa prise de décision. Dans ces conditions, il arrive régulièrement que les collaborateurs ressortent déçus de leur formation, et ce alors même que leur besoin en compétences a en réalité été comblé. Le simple fait de craindre d’avoir mal choisi sa formation peut nuire à la satisfaction du salarié.  

Les catalogues de formation ont donc des qualités indéniables, quand on les utilise en tant qu’outils, et non comme fins en soi : 

  • ils ne déterminent pas la politique de formation de l’entreprise, mais peuvent la soutenir ; 
  • il faut pour cela confronter le besoin en compétences à la capacité des formations proposées à y répondre ; 
  • cette capacité se mesure en interrogeant le contexte dans lequel a émergé le besoin, et les contraintes qu’il rencontre ; 
  • un catalogue réfléchi, même peu fourni, facilite le choix des apprenants et maximise leurs chances de satisfaction.
Julie Michel - Skills Mag
Julie Michel
Julie Michel
Rédactrice web spécialisée dans le référencement naturel, je baigne dans le milieu de la communication depuis bientôt 10 ans. Diplômée de Sciences Po Lille en Communication Corporate, j'ai aussi été formée au management des ressources humaines. C'est donc naturellement que je me suis intéressée au secteur de la formation et à ses problématiques.

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